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 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

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    LED ZEPPELIN  - MAGICAL SOUND BOOGIE  : 2010  (Bootleg de 1977)

Tout le Madison Square Garden Vibrait

Ce dont a toujours rêvé le vrai fan de Led Zeppelin, c’est pouvoir écouter un concert dans son intégralité, exactement comme il a été joué, sans overdub, avec les commentaires des musiciens sur scène entre les chansons, avec l’ambiance et les réactions du public, avec les fulgurances, les improvisations mais également les imperfections, les guitares mal accordées, les ratés, les cordes cassées, que sais-je encore.

Aujourd’hui, c’est devenu possible, depuis que les albums bootlegs ou pirates ont été rendus légaux vers 2010, et mis à disposition sur certains sites internet.

Il faut savoir que Led Zeppelin est le groupe qui a été le plus piraté du circuit. Il existe plus de 200 albums bootlegs sortis en vinyle qui se vendaient sous le manteau dans les arrières boutiques des disquaires ayant le courage de mettre en vente de tels disques.

Peter Grant, le célèbre manager du groupe, faisait la chasse aux disquaires qui vendaient des pirates, et au vu de sa carrure de catcheur, ça se terminait souvent par un magasin mis à sac.

Peter Grant reprochait à ces enregistrements leurs faibles qualités sonores et bien sûr le fait que leurs ventes ne ramenaient pas un penny au groupe.

Il existe 2 catégories de bootlegs, ceux enregistrés depuis la console, appelés « Soundboard Recordings », par les techniciens du groupe, et ceux enregistrés dans le public, appelés « Audience Recordings », par des spectateurs avec des moyens beaucoup moins performants.

J’ai découvert ces enregistrements par hasard sur le site « Viva Les Bootlegs », je les ai achetés pour une somme modique. Je me suis ensuite passionné pour la restauration du son de ces enregistrements. Ainsi, pour Led Zeppelin, j’ai retravaillé une quarantaine de concerts intégraux. Je les ai ensuite gravés sur CD.

Je dois dire que le résultat est absolument bluffant. On a cette impression de proximité qu’on n’a pas avec les albums live officiels. Quand Robert Plant parle entre les morceaux, c’est comme s’il était là réellement. Le mixage et le tripatouillage de studio n’existant pas, les instruments sont souvent mieux mis en valeur, et leurs sons sonnent vrais. Et ça, c’est capital.

Bien sûr, cela concerne essentiellement les enregistrements Soundboard, mais il existe également de très bons bootlegs, certes rares, enregistrés depuis le public.

Le concert illustré ici est issu de la dernière tournée du groupe aux USA en 1977.

C’est la tournée de tous les records, d’une part pour sa durée et d’autre part par le nombre de spectateurs ayant assisté à leurs prestations. Les concerts durent tous plus de 3 heures.

C’est le grand retour de Led Zeppelin après le grave accident de la route de Robert Plant, qui a failli lui coûter une jambe en août 75. Le groupe n’a plus joué depuis les 5 concerts donnés à l’Earl’s Court de Londres en mai 75.

Pendant les 18 mois d’inactivité forcée du groupe, dus à la rééducation de leur chanteur, Jimmy Page trouve le moyen de concocter PRESENCE, l’album le plus brutal depuis le fameux Led Zeppelin II. Le groupe joue merveilleusement bien et des morceaux comme l’épique « Achilles Last Stand », le très oriental « Nobody’s Fault But Mine » ou le rock carré « Hots On For Nowhere » font partie des grands moments de la carrière de Led Zeppelin.

La tournée débute à Oklahoma City le 3 avril 77 et doit normalement durer jusqu’à la mi-août. Elle devait initialement débuter en février, mais une laryngite contractée par Robert Plant peu avant le début de la tournée, a finalement modifier son planning.

Elle s’achèvera hélas dans la confusion la plus totale le 25 juillet à Oakland après les arrestations de Peter Grant, John Bonham et John Bindon pour le sauvage passage à tabac d’un roadie de Bill Graham, Jim Matzorkis, et surtout le lendemain après l’annonce de la mort subite du fils de Robert Plant , Karac, âgé de 4 ans, suite à un virus intestinal foudroyant.

La sordide affaire Matzorkis est le scandale de trop pour Led Zeppelin qui ne reverra jamais plus les USA.

Malgré cela, entre le 3 avril et le 24 juillet, le groupe donne des concerts mémorables, joue notamment 6 fois au Madison Square Garden à New-York, 6 fois au Forum d’Inglewood à L.A., 4 fois à Chicago, 4 fois à Landover, 2 fois à Cincinatti et 2 fois à Oakland, devant des foules gigantesques et conquises, qui ont bataillé ferme dans des queues indescriptibles pour obtenir le précieux billet.

A Cleveland, le concert est interrompu suite à un orage diluvien, puis reporté. Le public casse tout et une bagarre monstre, entre les spectateurs hurlant « We want Led Zeppelin » et les forces de l’ordre, fait plus de 50 blessés.

Un des 2 concerts de Cincinnati est également interrompu car Jimmy Page se sent mal sur scène et ne peut pas continuer.

Led Zeppelin déferle sur le sol américain pour le meilleur et pour le pire.

En ce qui concerne ce concert du 7 juin au Madison Square Garden, le premier des 6 prévus, c’est pour le meilleur. Le groupe est à son top et le 1er disque est une tuerie absolue.

Pour cette tournée, Led Zep décide d’entamer ses concerts par une version dantesque de THE SONG REMAINS THE SAME, bien supérieure à celle figurant sur l’album studio Houses Of The Holy. On enchaîne avec SICK AGAIN sur lequel Page tricote des solos démoniaques.

Ce qui suit atteint le sublime. NOBODY’S FAULT BUT MINE est un morceau fait pour la scène et les hurlements de Plant suivis d’un solo extraordinaire de Page, sans oublier la rythmique infernale de Bonzo et de Jonesy, sont un grand moment du concert.

Sur IN MY TIME OF DYING, les riffs de Page à la slide ainsi que la batterie de Bonzo sonnent comme jamais. Le son est phénoménal, monstrueux. Tout est là, bien en place. On est au cœur d’un vrai concert du dirigeable, et ça fait très mal ! Les coups de baguettes de Bonzo pèsent une tonne et on les ressent comme des directs à l’estomac.

La version jouée ce soir-là est écourtée de 30 secondes par rapport à la version studio, mais elle gagne en rapidité et surtout en énergie.

SINCE I’VE BEEN LOVING YOU fait son grand retour au programme de cette tournée 77. Il avait été écarté en 75 au profit d’OVER THE HILLS AND FARAWAY.

Ce morceau est toujours d’une incroyable intensité. Au début, la basse de Jones claque et prend le dessus sur les autres instruments. Le solo central de Page est de toute beauté et compte parmi ses tous meilleurs.

Enfin arrive NO QUARTER qui dure presque 25 minutes. C’est le morceau sur lequel John Paul Jones improvise au piano pendant de longues minutes avant de dialoguer avec la guitare de Page, qui à nouveau tutoie les anges, pour enfin revenir en fin de morceau sur le thème principal chanté par Plant. Ce titre hypnotique et sombre, dont les paroles évoquent le retour des guerriers Viking sur leurs terres après les combats, constitue un moment clé des shows de Zeppelin depuis 73.

C’est aussi un moment de répit pour la voix de Robert Plant durement mise à contribution durant cette 1ère partie de spectacle.

On est en effet déjà à 70 minutes de concert, sans doute les meilleures, car la suite est plus chaotique.

La 2ème partie du show est en grande partie acoustique et se termine sur l'envoûtant KASHMIR.

Led Zeppelin n’a plus joué de set acoustique depuis la tournée de 72, hormis lors des concerts londoniens à l’Earl’s Court.

L’erreur ici, est sans doute le choix de BATTLE OF EVERMORE, titre figurant sur l’album sans nom, sur lequel Robert Plant était accompagné par Sandy DENNY du groupe folk anglais Fairport Convention. Là, c’est Jones qui remplace Sandy DENNY, et il faut bien l’avouer, il se plante complètement. Sa voix est carrément dissonante, mais malgré cela, les parties acoustiques sont bien interprétées. Il aurait mieux valu faire THAT’S THE WAY comme en 72.

Il en est tout autre de GOING TO CALIFORNIA, dont le texte de Plant est dédié à Joni MITCHELL, et surtout de BRON-YR-AUR STOMP qui se termine toujours par le mot STRYDER hurlé par Plant en hommage à son chien adoré.

Ensuite, c’est le moment choisi par Page pour rejouer son vieux WHITE SUMMER datant de l’époque où il faisait partie des Yardbirds. Il est seul sur scène et nous livre ses accords orientaux inspirés par la musique indienne, joués sur sa célèbre guitare DANELECTRO noire et blanche. 10 minutes plus tard, alors que l’obscurité s’est faite totalement, c’est l’enchaînement brutal avec KASHMIR. Le groupe est de retour au complet sur scène et Jones est au Mellotron. Hélas, Kashmir est un morceau très difficile à jouer sur scène et rares sont les versions jouées en public pouvant rivaliser avec celle figurant sur Physical Graffiti. Le Mellotron est en effet un instrument difficile à mettre en oeuvre sur scène. C'est le cas ici et l’instrument semble totalement déréglé.

Au Madison Square Garden ce soir-là, le groupe perd totalement le contrôle du morceau. Après 6 minutes, les membres du groupe ne sont plus synchrones et semblent en perdition. Cela donne une version de plus de 10 minutes, souvent dissonante et frôlant la catastrophe, à tel point que l’on a l’impression que la bande ne tourne pas à la bonne vitesse.

Le son de cette deuxième partie de concert est nettement moins bon que celui de la première.

Heureusement, la dernière partie du spectacle est remarquable par sa puissance et le son est colossal. Chris Dreja, ancien guitariste et bassiste des Yardbirds raconte que Page l’a une fois convié à un concert que Led Zeppelin donnait au Madison Square Garden. Lorsqu’il est arrivé, le concert avait déjà débuté, et il confie que tout le bâtiment était en vibration tant le son du groupe était monstrueux.

Sur ce 3ème disque, c’est Bonzo qui commence avec un MOBY DICK de 22 minutes et une dernière partie apocalyptique, où les effets stéréo sont particulièrement impressionnants.

Mais on s’ennuie ferme sur les 15 premières minutes.

Page revient ensuite seul sur scène pour une série de bruitages au milieu desquels il interprète la partie centrale de Dazed And Confused jouée avec son archet, dont les effets sur sa Les Paul sont démentiels.

Puis c’est au tour d’ACHILLES LAST STAND, morceau phare de l’album PRESENCE, de subir un traitement de choc, grâce notamment à la basse de John Paul Jones. La chanson est un peu écourtée par rapport à sa version studio, mais les riffs qui sortent de la Les Paul de Page, telles des couches de guitares empilées qui se superposent les unes sur les autres, sont absolument démoniaques. Un autre sommet !

C’est déjà la fin du show conclu par STAIRWAY TO HEAVEN dont le fameux solo constitue le point d’orgue de chaque concert de Led Zeppelin, car Page nous en livre à chaque fois une version différente. Ce soir, le solo est beaucoup plus lent que d’habitude et ne rivalise pas en feeling avec ceux de 73 ou 75, beaucoup plus inspirés.

Un seul rappel au programme, une version survitaminée de ROCK AND ROLL avec l’intro de WHOLE LOTTA LOVE et le concert s’achève sur le fameux « New-York… Good Night » hurlé par Robert Plant.

3 heures de spectacles ! 3 heures de bonheur !

 

Qui aurait cru en 77, alors que le BEST N° 108 faisait sa une avec cette tournée et un article géant sur les 4 concerts joués à Landover une semaine plus tôt, qu’un jour on pourrait écouter ces concerts mythiques en intégralité chez nous avec cette qualité de son et surtout « for nuts ».

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