top of page

 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

Qobuzz.jpg
Youtube.JPG
Frank Zappa_Hot Rats_1.JPG

FRANK ZAPPA - HOT RATS  : 1969    (Pressage France : Réédition 1971)

                Avec Hot Rats, Fini les Délires "Free"

HOT RATS est le deuxième album solo de ZAPPA après LUMPY GRAVY réalisé sans les MOTHERS OF INVENTION, dont il vient de dissoudre la 1ère mouture. Seul Ian UNDERWOOD est encore à ses côtés sur HOT RATS. Roy ESTRADA et Lowell GEORGE ont quant à eux fondé l'excellent groupe LITTLE FEAT tandis que Jimmy Carl BLACK a monté GERONIMO BLACK.

La musique développée sur HOT RATS est une rupture complète avec la précédente période et ces délires « free ». C’est un disque étonnamment novateur pour l’époque, d’une modernité intemporelle et qui n’a pas pris une ride.


Il aura d’ailleurs une importance capitale dans la carrière de ZAPPA. C'est celui qui le placera sur une voie royale, porté par un jeu de guitare colossal et surréaliste.
Il ne faut pas oublier que nous sommes en 1969, et à cette époque, seul HENDRIX pouvait se targuer d'être un "GUITAR HEROE".
Or, ZAPPA, pratiquement inconnu du grand public à cette époque et seulement adulé dans les milieux branchés, va sortir de l'ombre et concurrencer le grand HENDRIX sur ses terres. Sa musique s’attaquait alors au rêve américain et à l’utopie hippie (FREAK OUT !).

Personne n'avait joué de la guitare comme ZAPPA avant HOT RATS. Tenir des solos pendant presque dix minutes sans jamais se répéter, relève de l'exploit.
C'est pourtant ce que réalise ZAPPA sur HOT RATS. Il faut rappeler qu'il a commencé la guitare sur le tard, ce qui ajoute encore à l’étendue de son talent.

Ce disque m'obsède depuis des lustres, et chaque écoute me laisse pantois d'admiration. Comment est-ce possible de jouer ainsi ?

HOT RATS est le résultat de l'étroite et fructueuse collaboration de ZAPPA et Ian UNDERWOOD, qui a enfin l'occasion de nous montrer tout son talent de pianiste. Ses interventions sont lumineuses tout au long de cet album historique, et son solo de saxo, une autre de ses spécialités, sur THE GUMBO VARIATIONS rappelle Sonny ROLLINS. Sont présents également J-Luc PONTY, venant de la scène Jazzy et le Bluesy SUGARCANE HARRIS et son violon électrique parfois dissonant.

La musique jouée ici n’est-elle pas les prémices de ce qu’on va appeler quelques années plus tard le JAZZ ROCK ? WILLIE THE PIMP est en effet le seul morceau rock de l’album et le seul chanté. Les arrangements sont très fouillés, presque somptueux sur PEACHES EN REGALIA et SON OF MR. GREEN GENES. Sur LITTLE UMBRELLAS, on croit reconnaître l’influence de COLTRANE période MY FAVORITE THINGS. Le morceau qui clôture l’album, IT MUST BE A CAMEL, est un petit bijou. Les solos de chaque musicien sont absolument brillants.

Ce disque est un pur chef d'œuvre et ZAPPA est au sommet de son art. Les compositions sont toutes d'un très haut niveau et le côté mélodique n'a pour une fois pas été épargné. Outre le JAZZ ROCK et le ROCK, la musique contemporaine n’est pas en reste. Rappelons que ZAPPA est un grand admirateur de Edgard VARESE et sa fameuse IONISATION.

Mais WILLIE THE PIMP reste LE Morceau du disque, celui qui le rend incontournable et place HOT RATS dans les tous meilleurs albums de cette fin des 60’s.
N'importe quel adepte de la guitare électrique ne peut pas ne pas tomber à la renverse en écoutant le solo de WILLIE THE PIMP. C’est son vieux complice CAPTAIN BEEFHEART qui est invité aux chants.

C'est faramineux de dextérité, de feeling. ZAPPA ne cesse d'accélérer le rythme, et ce solo infini dure presque huit minutes, sans aucun répit, et semble ne jamais devoir s'arrêter.

Le solo sur le CD remixé par ZAPPA en 87, est mis plus en avant, et c'est encore plus impressionnant que sur le vinyle, sur lequel le son est plus central et ramassé.
Il faut l'écouter fort afin de profiter au maximum des sons diaboliques qui sortent de sa guitare. C'est absolument ahurissant. Je n'ai jamais entendu un truc semblable.

Une anecdote truculente : Phil MANZANERA de ROXY MUSIC, guitariste hyper talentueux, a essayé de refaire le solo de ZAPPA sur WILLIE THE PIMP, sans jamais y parvenir jusqu'au bout. Voilà ce qu'il confiait à Alain DISTER dans son livre consacré au Maître :

"Son solo sur Willie The Pimp semble vouloir durer éternellement. J'ai essayé de jouer en même temps que lui sur ce tempo et j'ai dû m'arrêter, épuisé. Zappa a doublé le nombre de notes dans l'octave qu'un guitariste peut jouer. Il a ajouté des Cinquièmes et des Neuvièmes et rend la trame mélodique presque douce. Et pour l'empêcher de trop le devenir, il a ajouté de la Wah-wah et l'a courbée."

Ecouter WILLIE THE PIMP est une expérience à part. On est dans une autre dimension. C'est quelque chose d'indéfinissable, que peu de musiciens ont réussi à atteindre.
KEROUAC appelait ça le IT dans son bouquin SUR LA ROUTE. C’est peut-être ça WILLIE THE PIMP.

Et puis, il y a cette fameuse pochette avec cette femme énigmatique au fond d'une piscine vide. Il se trouve que cette femme fait partie des fameuses GTO's (GIRLS TOGETHER OUTRAGEOUSLY), groupe de Groupies que Zappa découvre alors que celles-ci squattent sa 1ère maison de Laurel Canyon, la LOG CABIN, située non loin de celle occupée par Joni MITCHELL. Il les fait virer par la propriétaire des lieux. Toutefois il reste proche de ces groupies qui font bientôt partie de son cercle rapproché.


Le nom de la personne figurant sur la pochette de HOT RATS est Christine FRKA, plus connu sous son pseudo MISS CHRISTINE. ZAPPA la recrute au moment de HOT RATS comme nurse de sa fille. Sur la pochette intérieure de l'original US, figure la mention « THANKS FOREVER MISS CHRISTINE »
Le musicien est alors aussi très proche de MISS PAMELA, l’autre vedette des GTO’S, de son vrai nom Pamela MILLER, grâce à laquelle il rencontrera Gail SLOATMAN, sa deuxième épouse avec qui il vivra jusqu'à sa mort en 1993. Pamela, qui a été la groupie favorite de Jimmy PAGE lors des tournées californiennes de LED ZEPPELIN, épousera ensuite le chanteur du groupe SILVERHEAD, le noble Michael DES BARRES, celui-là même qui deviendra le leader de l'excellent groupe DETECTIVE (2 albums au compteur avec l'ancien guitariste de STEPPENWOLF, Michael MONARCH, et le 1er claviériste de YES, Tony KAYE).

ZAPPA sortira ensuite en 1970 un autre album majeur, CHUNGA’S REVENGE,  avec Georges DUKE, Aynsley DUNBAR et les ex-TURTLES, Mark VOLMAN et Howard KAYLAN. Son solo de guitare sur le morceau titre est diabolique. Ecoutez ça !!

ZAPPA a remixé toute son œuvre en 1987. Sur HOT RATS, il a fait réenregistrer les lignes de basses (c'est flagrant sur PEACHES EN REGALIA) et a tout remixé différemment du vinyle, qui était fantastique de bout en bout. THE GUMBO VARIATIONS se voit même augmenté de 4 mn.

Voilà, c'est ZAPPA.

©2018 by Dédicace à mes oreilles. Proudly created with Wix.com

bottom of page