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 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

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  THE DOORS - ABSOLUTELY LIVE : 1970  (Pressage US 76)

   Is Everybody In? The Ceremony Is About To Begin

L’année 1969 est  pour les DOORS une année charnière dans la carrière du groupe de Los Angeles. Leurs 2 derniers albums studio, WAITING FOR THE SUN et surtout THE SOFT PARADE, ne sont pas à la hauteur de leurs 2 premiers. Le groupe est en panne d’inspiration.

Les critiques s’abattent à boulets rouges sur la production de THE SOFT PARADE dont les nombreux cuivres gâchent la qualité de la musique.

Pour la plupart de ces chroniqueurs, les DOORS sont un groupe fini.

Mais c’est un événement extérieur à la musique qui est à l’origine d’un des plus gros scandales de l’année aux Etats-Unis. Jim MORRISON, dont les débordements en public ne se comptent plus, provoque le public de Miami lors d’un concert donné au Dinner Key Auditorium le 1er mars 1969. Totalement ivre, il se met à insulter le jeune public de Floride, les traitant d’esclaves à la solde de l’état que Morrison déteste tout particulièrement. Mais l’élément qui déclenche le scandale est le moment où Jim MORRISON exhibe ses parties génitales au public.

Le concert est interrompu et le chanteur arrêté pour obscénité. Il risque pour cela une grosse peine de prison et le futur du groupe s’obscurcit singulièrement.

A la suite de ce fait d’armes, les DOORS sont interdits de visite dans une multitude d’états et leurs concerts déjà planifiés sont purement et simplement annulés. Les DOORS ne sont  même pas invités au grand festival de Woodstock réunissant pourtant tous les grands groupes de la côte ouest.

Le groupe est au repos forcé et décide de repartir en studio afin d’enregistrer l’excellent MORRISON HOTEL qui marque une orientation vers le blues rock tendance CANNED HEAT, dont Jim Morrison est un grand admirateur. L’album voit le jour en février 70.

Après les premières sessions du procès, le chanteur est laissé en liberté sous caution mais reste sous la menace d’une condamnation.

Les DOORS repartent malgré tout en tournée début 1970. Entre temps, Jim MORRISON se refait une santé. Ils tournent de janvier à juillet dans touts les grandes villes de l’Amérique du nord avec un chanteur en pleine forme.

Tous les concerts sont intégralement enregistrés en vue de la sortie d’un double album live prévu pour une parution dès la fin de la tournée. Le but des producteurs et de la maison de disque ELEKTRA est de restituer sur disque un concert intégral du groupe sans aucune retouche faite en studio.

Malheureusement,  contrairement aux notes figurant sur la pochette intérieure, beaucoup de chansons d’ ABSOLUTELY LIVE  ont dû être retouchées au montage par Paul ROTHCHILD et Bruce BOTNICK, leurs célèbres producteurs et ingénieurs du son.

Lorsque ces derniers  commencent à travailler sur les bandes, ils sont complètement catastrophés par ce qu’ils découvrent. Il est en effet impossible d’inclure les titres tels quels dans le projet, car tous présentent à un moment ou un autre des défauts rédhibitoires. Morrison, totalement incontrôlable à cette époque,  peut gâcher une chanson à tout moment par ses débordements, durant lesquels les 3 autres membres sont contraints et forcés d’improviser en attendant que leur chanteur daigne recommencer à chanter.

Dans ce contexte, il est alors décidé de procéder à du montage. La quasi-totalité des titres sont un collage de bandes enregistrées lors de concerts différents, mais aucun overdub n’est ajouté, ce qui fait tout de même de ce disque un enregistrement entièrement live.

La preuve de ce montage devient flagrante aujourd'hui lorsqu’on écoute les enregistrements  originaux de ces concerts disponibles en intégralité sur internet.

 

La majorité des titres joués sur ABSOLUTELY LIVE sont extraits des 4 concerts magiques donnés les 17 et 18 janvier 1970 au FELT FORUM à New York, petite salle de 6000 places au sein du gigantesque Madison Square Garden. A l'époque, les groupes jouent 2 sets par soirée, d'où les 4 concerts du Felt Forum. WHEN THE MUSIC’S OVER est un montage des 4 versions jouées ces 2 jours-là au Felt Forum.

Les Doors, ayant  toujours adoré se produire à New-York, y livrent des prestations magistrales.

2 concerts plus anciens donnés en août 1969 à l’AQUARIUS à Hollywood sont également retenus ainsi que celui donné à Pittsburg.

Malgré toutes ces péripéties, ABSOLUTELY LIVE sort en juillet 1970. Il est d’une qualité exceptionnelle et témoigne de la communion et l’interaction qu’il existe alors entre le groupe et son frénétique public. Ce n’est  pas seulement à un simple concert de Rock auquel on assiste ici, mais plutôt à une authentique cérémonie.

Richard MELZER, le célèbre critique rock ayant collaboré notamment avec Lester BANGS, continue d’affirmer haut et fort qu’ ABSOLUTELY LIVE est le meilleur disque de Rock de tous les temps.

 

Tout commence au Spectrum à Philadelphie lorsque l’annonceur local s’adresse de manière étrange au jeune public en train de clamer  le nom de Morrison, leur implorant de regagner leur siège tout en leur rappelant les consignes d’un bon comportement, avant de lancer le mythique « Ladies and gentlemen, The DOORS !

Morrison accueille son public, « Hey Philadelphia ! ».  Résonnent alors ces roulements de tambour, ce beat infernal joué par John DENSMORE, puis quelques basses girondes jouées à la pédale ainsi que les 1ères nappes d’orgue de Ray MANZAREK progressent lentement, le bootleneck de KRIEGER crisse sur le manche de sa Gibson, et enfin les premiers râles de Jim MORRISON envahissent la salle. C’est pour lui seul que le public est venu. On peine à reconnaître WHO DO YOU LOVE, tant cette version est transfigurée par rapport à celle de Bo DIDDLEY. Les glissandos de KRIEGER s’accélérent et procurent à tous de véritables frissons.

Les DOORS sont dans l’arène, le fauve est lâché et le carnage peut commencer. Le son est dantesque et d’une proximité rare. Aucune coupure entre les morceaux, tout s’enchaîne sans interruption aucune. L’impression d’assister à un spectacle dans son intégralité est totale.

Les DOORS continuent de chauffer le public avec leur fameux Medley au cours duquel on reconnaît ALABAMA SONG, BACK DOOR MAN, l’inédit LOVE HIDES et enfin le sauvage FIVE TO ONE joué dans son intégralité et d’une violence absolue. La version de WAITING FOR THE SUN est totalement surclassée par  celle donnée au MSG ce soir-là.

« Yeah, yeah yeah, what do you mean, what do you mean ? pretty good, pretty good.” Ainsi démarre la face 2, sans doute la meilleure de cet album, avec un autre inédit BUILD ME A WOMAN, un blues mid tempo que les Doors ont inclus dans leur répertoire depuis peu et qu’on retrouve également sous le titre THE POONTANG BLUES. On sent déjà avec ce titre l’orientation que souhaite prendre le groupe sur leur prochain album L.A. WOMAN.

BUILD ME A WOMAN est l’introduction parfaite au monument qui suit, véritable orgie sonore, dominé par un déluge d’orgue furieux, une guitare déchirante et des cris surhumains poussés par Jim MORRISON, le tout rythmé par la frappe colossale de DENSMORE. WHEN THE MUSIC’S OVER est la pierre angulaire d’ABSOLUTELY LIVE. La version de 15 minutes assemblée ici est d’une intensité exceptionnelle. Je n’ai jamais entendu de meilleure version. Même celle, pourtant déjà excellente, figurant sur le concert de l’HOLLYWOOD BOWL en 68, ne peut rivaliser avec celle-ci.

Habituellement perturbateur en pareille occasion, Morrison se transforme même en donneur de leçon et  harangue son public : « Is that any way to behave at a rock’n roll concert ? ».

L’orgue de RAY n’a jamais sonné aussi bien et son solo d’anthologie est l’un de ses tous meilleurs. C’est lui le principal artisan du son des Doors.

Tous les morceaux du disque 1, excepté l’ouverture, sont extraits des concerts du FELT FORUM. Le public abasourdi par ce qu’il vient d’entendre  se demande bien quelle déferlante va les submerger ensuite.

 

La face 1 du disque 2 nous transporte à Pittsburg pour une reprise de Willie DIXON, CLOSE TO YOU. Jim MORRISON annonce que c’est RAY qui va chanter et lance sur le ton de la plaisanterie : « Ladies and gentlemen, I don’t know if you realize it, but tonight you’re in a special treat. » Alors que le public encourage Ray, Morrison insiste : « No, no, not that, not that…the last time it happened grown men were weeping. Policemen were turning in their badges.” La foule répond par des hurlements de rire.

UNIVERSAL MIND, un autre inédit dont on ignore le lieu d’enregistrement, suit la prestation de Manzarek, mais Morrison a repris les commandes. Le morceau est très doux, et le chant de Jim d’une grande sensibilité. L’orgue est toujours aussi envoûtant, soutenu par le jeu de guitare tout en finesse de Krieger.

Retour au FELT FORUM pour une version totalement déjantée de BREAK ON THRU, avec une introduction éructée par Morrison : « Can you petition the lord with prayer ? You cannot petition the Lord with Prayer ». Puis c’est DEAD CATS, DEAD RATS qui lance ensuite un BREAK ON THRU #2 incandescent, bien supérieur à la version studio. Le morceau dure plus de 6 minutes.

La dernière face du disque est consacrée aux concerts de l’AQUARIUS donnés les 21 et 22 juillet 1969, soit 4 mois seulement après les événements de Miami. Jim MORRISON y apparaît bouffi, barbu et chante la majeure partie du concert assis.

THE CELEBRATION OF THE LIZARD occupe la majorité de la face. C’est ce long morceau que le chanteur voulait inclure sur l’album WAITING FOR THE SUN, mais les autres membres ainsi que la maison de disque s’y étaient opposé, trouvant  le titre pas assez commercial et trop long.

La chanson est pourtant splendide et la communion avec le public atteint son paroxysme. Le shaman fait son sermon et tout le monde écoute religieusement. Les parties instrumentales sont d’une grande richesse et jouées le plus délicatement possible laissant la vedette à la voix du chanteur, vraiment magnifique.

C’est déjà le rappel et un SOUL KITCHEN dantesque de plus de 6 minutes résonne dans tout l’Aquarius sur lequel tous les musiciens se déchaînent. Voilà, le spectacle est terminé et les DOORS ont comme toujours gagné la partie. Ceux qui les avaient enterré à la sortie de THE SOFT PARADE n’ont qu’à bien se tenir et virer leur cuti. Les DOORS demeurent les Maîtres et le groupe préféré de la jeunesse américaine.

 

D’après Patricia KENNEALY, Jim MORRISON souhaitait que l’album s’intitule LIONS IN THE STREET, du nom d’un court poème figurant dans THE CELEBRATION OF THE LIZARD.

Les producteurs ne le suivent pas et appellent l’album tout simplement ABSOLUTELY LIVE. Pour la pochette, il est prévu de choisir une photo du groupe de dos, prise sur scène à l’Aquarius, avec un grain assez gros sur fond bleu. Au dernier moment, ELEKTRA, jugeant cette pochette pas assez attractive pour les fans, impose de placarder par-dessus le recto de la pochette, une énorme photo de Jim Morrison prise en 1968 à l’Hollywood Bowl.

Evidemment, le Jim de 70 ne ressemble plus du tout au jeune éphèbe de 68.

Morrison est furieux, car ça ne correspond plus du tout à son look d’alors. Il est en effet devenu gros, s’est laissé pousser une énorme barbe qui lui mange la moitié du visage. Il assume totalement ce physique prétextant qu’il souhaite à présent devenir un chanteur de blues à l’image de Bob HITE, l’énorme chanteur de CANNED HEAT, et non plus ce Dyonisos faisant hurler les groupies à chacun de ses concerts.

Malgré ses protestations, l’album sort tout de même avec cette pochette. Longtemps après la mort de Jim, sa famille et Danny SUGERMAN font en sorte que toutes les rééditions CD paraissent avec une autre pochette en noir et blanc.  Ce n’est que récemment, lors de sa réédition chez RHINO en vinyle, que l’album ressort dans sa pochette originale.

 

Après la sortie d’Absolutely Live, les DOORS ne donneront plus que 3 concerts, un magistral au festival de l’ISLE DE WIGHT le 29 août, puis un à Dallas le 11 décembre et enfin un dernier calamiteux le lendemain à la WAREHOUSE à la Nouvelle Orléans.

Au cours de ce dernier concert, MORRISON incapable de chanter s’écroule au sol. Le groupe est alors contraint de quitter la scène et décide dans la foulée d’arrêter définitivement  les concerts.

Les DOORS se retrouvent tout de même une dernière fois, en février 71 pour l’enregistrement de l’album L.A. WOMAN. Le producteur n’est plus Paul ROTHCHILD. Exaspéré en effet par  les débordements du chanteur, il décline l’invitation. C’est Bruce BOTNICK qui finalement produit ce disque.

Le 15 avril, Jim MORRISON s’envole pour Paris rejoindre Pamela COURSON, sa compagne de toujours. Il meurt le 3 juillet, sans doute d’une overdose d’héroïne, après une nuit passée à boire dans le célèbre night club parisien, le ROCK’N ROLL CIRCUS.

 

ABSOLUTELY LIVE est sans doute le meilleur album en concert jamais enregistré.

 

Disque 1 - Face 1

STAGE ANNOUNCER (Spectrum Philadelphia)

WHO DO YOU LOVE (Felt Forum NY)

MEDLEY

ALABAMA SONG (Felt Forum NY)

BACK DOOR MAN (Felt Forum NY)

LOVE HIDES (Felt Forum NY)

FIVE TO ONE (Felt Forum NY)

 

Disque 1 - Face 2

BUILD ME A WOMAN (Felt Forum NY)

WHEN THE MUSIC’S OVER (Felt Forum NY)

 

Disque 2 – Face 1

CLOSE TO YOU ( Pittsburg ou Felt Forum NY)

UNIVERSAL MIND (Place unknown)

PETITION THE LORD (Felt Forum NY)

BREAK ON THRU #2 (Felt Forum NY ou Place unknown)

 

Disque 2 – Face 2

THE CELEBRATION OF THE LIZARD (Aquarius, Hollywood)

SOUL KITCHEN (Aquarius, Hollywood)

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