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 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

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    PAVLOV'S DOG - AT THE SOUND OF THE BELL  : 1976  (Original US)

                 L' Enigme Pavlov's Dog

Après leur fantastique 1er album PAMPERED MENIAL, PAVLOV’S DOG retourne en studio au RECORD PLANT toujours sous la direction de Murray KRUGMAN et Sandy PEARLMAN.

Comme beaucoup de groupes débutants à l’époque, PAVLOV’S DOG avait au moment du 1er album assez de compositions pour 2 disques. Cela facilite les sessions de ce nouvel album et le groupe reste sur la lancée de PAMPERED MENIAL.

AT THE SOUND OF THE BELL est enregistré en 2 mois. Le groupe fait face pourtant à un changement de personnel assez important. Mike SAFRON et Sigfried CARVER, 2 membres de la 1ère heure, ont en effet quitté le groupe et sont remplacés respectivement par Bill BRUFORD et Tom NICKESON.

Ce changement n’est pas sans conséquence sur la musique du groupe notamment en ce qui concerne le son de la batterie de Bill BRUFORD qui est totalement différent de celui de Mike SAFRON.

Sur AT THE SOUND OF THE BELL, le mixage de la batterie est mixé trop en avant et alourdit quelque peu l’ambiance de la musique toute en finesse de PAVLOV’S DOG et c’est regrettable.

Malgré cela, l’album est d’un très haut niveau. On retrouve toutes les qualités du groupe sur ce 2ème opus à savoir des mélodies impériales, des orchestrations surprenantes et symphoniques, des breaks toujours aussi efficaces et la voix toujours aussi incroyable de SURKAMP qui fait le reste.

Le mellotron est un peu moins omniprésent mais Douglas RAYBURN nous gratifie tout de même de quelques passages mémorables sur le dernier morceau de l’album, DID YOU SEE HIM CRY qui s’avère dantesque d’un bout à l’autre avec des changements de rythmes et des breaks incessants au cours desquels tous les musiciens participent à ce parfait exercice de Progressive Rock.

L’autre réussite majeure est GOLD NUGGETS, qui n’est pas sans rappeler la chanson EPISODE sur l’album précédent. Sur une mélodie émouvante, le titre très lent et tout en progression est dominé tout au long par le phrasé de ce chanteur définitivement génial qu’est David SURKAMP. L’histoire de ce pionnier de la ruée vers l’or est particulièrement touchante et le titre n’a jamais si bien porté son nom. Une véritable pépite que ce GOLD NUGGETS !

Sur TRY TO HANG ON, c’est à des envolées de piano en tous genres qu’on est confronté, et le rythme endiablé sur un faux air de rockabily est magnifiquement accompagné par la guitare de Steve SCORFINA dont le solo tranche radicalement avec le piano sautillant de David HAMILTON. Il y a également des accents jazzy irrésistibles sur TRY TO HANG ON qui prouvent que PAVLOV’S DOG est à l’aise et maîtrise tous les styles de musique et qu’il est passé maître dans l’art de les marier sans aucune faute de goût.

La face 1 est dominée par 3 chansons lentes proches de la ballade, mais aucun ne retrouve le feeling et la beauté de JULIA. Pourtant SHE CAME SHINING, STANDING HERE WITH YOU et MERSEY sont de très belles chansons, mais peut-être est-ce une erreur de les avoir mises à la suite en début d’album ? C’est encore SURKAMP qui se taille la part du lion ici et la sensibilité de sa voix, enrobée par des nappes de guitares acoustiques et de claviers discrets, fait encore merveille. On retrouve ensuite le côté épique du groupe avec le génial WALKYRIE, dont l’intro au piano classique joué par HAMILTON ainsi que le brutal changement de rythme sont du meilleur effet, d’autant qu’une fois encore la mélodie est superbe.

 

L’album sort en mars 1976, soit neuf mois seulement après PAMPERED MENIAL qui est encore dans toutes les mémoires. Peut-être est-ce trop tôt car JULIA fait encore à ce moment là partie des titres qui passent régulièrement sur les radios FM.

Toujours est-il que l’album reçoit un accueil assez bon, mais la maison de disques COLUMBIA reproche au groupe l’absence d’un hit du calibre de JULIA. GOLD NUGGETS est certes remarquable, mais beaucoup plus intimiste que JULIA.

Le groupe repart en tournée et enchaîne ensuite les concerts à une cadence infernale jusqu’à l’épuisement total de ses membres.

David SURKAMP, alors au bord de la dépression, raconte qu’à la fin de la tournée, le groupe est totalement  sur les rotules et a besoin d’une longue période de repos pour se ressourcer. Mais COLUMBIA en veut toujours plus et revient à la charge pour les forcer à retourner en studio et enregistrer un nouvel album.

Cet album, qui devait s’appeler HAS ANYONE HERE SEEN SIGFRIED, une blague autour de la disparition de Sigfried CARVER leur ancien violoniste, ne verra jamais le jour.

Les sessions se déroulent au TECHNOSONIC STUDIOS à ST LOUIS, leur fief de toujours, mais ce retour au bercail s’avère finalement être un échec complet. SURKAMP raconte que pendant ces sessions, tous les membres sont devenus incontrôlables et ingérables. Tout le monde, y compris les roadies, veut alors composer et le groupe est totalement livré à lui-même. KRUGMAN et PEARLMAN ne sont plus là pour régenter l’ensemble et tout part en vrille.

SURKAMP n’a que 2 chansons prêtes au moment  de l’enregistrement, SUICIDE et le sublime ONLY YOU, d'une beauté à couper le souffle, 2 titres écartés de AT THE SOUND OF THE BELL. Je me demande encore comment ONLY YOU a pu être délaissé. Il aurait alors fait un magistral morceau d'ouverture bien meilleur que SHE CAME SHINING, et le sort de l'album aurait été tout autre.

Les autres chansons pour ce 3ème album sont alors composées à la va-vite et sont beaucoup trop commerciales pour bien figurer sur le successeur de AT THE SOUND OF THE BELL. Voyant cela, RAYBURN et SURKAMP ont déjà décidé de quitter le groupe et travaillent déjà sur un nouveau projet ensemble. On utilise même une vieille chanson de Steve SCORFINA écrite lorsqu'il faisait partie de REO SPEEDWAGON. Une reprise, excellente d'ailleurs, du TODAY de Marty BALIN est utilisée pour arriver aux 34 minutes requises.

Mécontent du résultat de ces sessions, COLUMBIA, à juste titre, décide de ne pas sortir l’album. PAVLOV’S DOG se sépare dans la foulée. L’album voit tout de même le jour en pressage très limité (on parle de 100 copies) sur un label inconnu sous le titre THE ST LOUIS HOUNDS.

 

Ainsi se termine la carrière d’un groupe lumineux et définitivement génial qui aurait pu atteindre les sommets si sa maison de disque avait su l’encadrer et la manager.

La reconnaissance viendra tout de même grâce à ses nombreux fans et le groupe est considéré aujourd’hui comme figurant parmi les meilleurs groupes américains ayant évolué pendant des années 70.

La non réussite de PAVLOV'S DOG n'est pas seulement une injustice. C'est surtout une gigantesque ERREUR et une FAUTE PROFESSIONNELLE sans précédent de la part d'une compagnie comme COLUMBIA.

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