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 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

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          LOU REED - CONEY ISLAND BABY  : 1976  (Original US)

           L'Album de la Rédemption

CONEY ISLAND BABY est un disque à part dans la discographie de Lou REED.

 

Tout d’abord, il est très bien accueilli par la critique, et c’est déjà un succès en soi quand on connaît la dureté de la presse à son encontre à cette époque.

 

Il faut dire que Lou REED s’est mis dans une situation très inconfortable depuis quelques années vis-à-vis de la presse et de son public.

Il traverse une grave crise personnelle : il a divorcé de sa femme Betty, et vit avec un transexuel d’origine Mexicaine, nommé Rachel. C’est elle qui est au verso de la pochette de SALLY CAN’T DANCE.

Il ne supporte pas que son disque fétiche, BERLIN sorti en 73, ait fortement déplu à la critique américaine (en Europe, il fut N°6 des ventes), laquelle a qualifié la musique de cet album comme « profondément déprimante ».

Il est vrai que BERLIN n’est pas le successeur idéal de TRANSFORMER et son succès assez phénoménal et inattendu. Les fans attendaient autre chose, peut être un nouveau WALK ON THE WILD SIDE.

Pendant les 2 années qui suivent la sortie de BERLIN, Lou REED passe son temps à se venger de la critique et du dédain de son public, et sort 3 disques.

ROCK AND ROLL ANIMAL est un disque enregistré en public sur lequel il renoue avec les chansons du VELVET, mais les transpose dans une ambiance Hard Rock un peu glauque avec l’aide des 2 guitaristes de Detroit, Steve HUNTER et Dick WAGNER.

SALLY CAN’T DANCE est une réelle déception malgré un ou deux bons titres, mais c’est surtout METAL MACHINE MUSIC qui déclenche l’incompréhension de ses fans et le déchaînement des critiques. Ce double album regroupant 4 morceaux instrumentaux de 16 minutes chacun, composés uniquement de bruits électroniques et de guitares distordues, est une réelle abomination et un calvaire pour les oreilles.

A propos de ce dernier disque, Lou REED, alors en plein conflit contractuel avec son label RCA, précise : « Je vous conseille de ne pas acheter ce disque. Ces connards se sont plantés, ils ont gravé quatre fois la même face. »

 

Toujours est-il que Lou REED multiplie les agressions verbales envers Denis KATZ son manager et avocat, et envers sa maison de disque RCA.

Mais ce qui a met le feu aux poudres, se produit pendant la tournée mondiale courant 75. En Nouvelle Zélande, Lou REED est incapable de monter sur scène suite à sa consommation démentielle de « speed ». Le public attend et le groupe, ne le voyant pas arriver, joue sans lui. C’est Doug YULE, son ancien compère du VELVET et revenu dans son groupe à cette époque, qui chante à sa place.

Lou REED est dans une colère noire. Il annule alors la tournée, vire sur le champ Doug YULE et repart à New York.

Mais RCA lui réclame alors 600000 dollars de dommages, somme qu’il n’a évidemment pas. RCA refuse donc de continuer à le produire.

Obligé de vendre son appartement, Lou ruiné, est ensuite contraint de négocier avec RCA, qui l’oblige à sortir rapidement un album « Vendable ». En échange, il reçoit 15 dollars par jour et une chambre dans un petit hôtel à Manhattan.

C’est ainsi que commence l’enregistrement de ce qui deviendra CONEY ISLAND BABY, considéré par ses fans, comme étant peut-être son meilleur album en solo.

 

Comme au bon vieux temps du Velvet, LOU s’occupe de tout et personne n’ose lui dicter quoique ce soit.

L’album est écrit en un temps record et sort au tout début de l’année 76.

 

Le résultat est MAGISTRAL.

Le son et l’ambiance du disque sont à l’apaisement. On sent un Lou REED, sûr de lui, accompagné par un très bon groupe, et les compositions sont toutes d’un très haut niveau.

 

Les textes sont très personnels et la voix de LOU est naturelle et très détendue sur tout l’album.

La chanson CONEY ISLAND BABY est une véritable splendeur. C’est incontestablement la pièce maîtresse de cet album de la rédemption. L’histoire est un souvenir d’enfance. Lou REED retrouve son phrasé légendaire qu’on aime tant et sa manière de répéter « But you know I wanted to  play football for the coach » est absolument irrésistible.

 

On trouve également l’irrésistible CHARLEY’S GIRL que l’on peut écouter et réécouter sans jamais se lasser. Le rythme de cette chanson est à tomber. Il y a un groove assez infernal et le son de la guitare de Bob KULIK est inoubliable.

 

KICKS, inspiré des grands textes morbides du VELVET, est un titre très noir et c’est un autre temps fort de l'album, tout comme l’accrocheur NOBODY’S BUSINESS, ou le très entraînant OOOH HH BABY.

Le mélancolique SHE’S MY BEST FRIEND et A GIFT sont des chansons solides et apportent leur pierre à l’édifice. Il n’y a pas de remplissage sur CONEY ISLAND BABY. LOU REED a retrouvé son inspiration pour les compositions et toute sa verve pour les interpréter, et il est entouré de très bons musiciens. L’album est en plus très bien produit et le son très charpenté, tout en retenue, est remarquable.

 

La pochette de l’album est à l’avenant de la musique proposée, calme, apaisée et superbe.

La presse du monde entier applaudit l’album et le retour en grâce du Lou.

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