Adieu Aux Spiders
Pochette culte signée Guy PEELLAERT, le fameux auteur de ROCK DREAMS, pour un album qui ne l’est pas moins, de David BOWIE. Que dis-je de BOWIE, puisque c’est ainsi qu’il signe son album de 1974 : DIAMOND DOGS.
En effet, à aucun endroit sur la pochette, n’apparaît son prénom ; tout est signé BOWIE.
Si l’on remet cet album dans son contexte de l’époque, que peut-on dire?
Fin 73, après la sortie de PIN UPS, son album de reprise, d’ailleurs très mal accueilli, David BOWIE donne, à la fin d’une longue tournée, un concert à l’Hammersmith Odeon de Londres, et choque tout le monde en annonçant qu’il se retire de la scène.
Il dissout ensuite son groupe, les SPIDERS, au grand désarroi de ses fans qui ne comprend pas.
Un sacrilège en soit lorsqu’on pense aux 3 disques majeurs sortis avec ce groupe depuis 1971 : HUNKY DORY, ZIGGY STARDUST et ALADDIN SANE.
Peut-être pense-t-il alors que le meilleur a été fait et qu’il lui sera impossible de continuer à progresser en gardant le même groupe ?
On peut tout de même affirmer que laisser partir le génial Mick RONSON a, au final, été une grave erreur dans sa carrière. Il ne faut pas oublier que RONSON est à l’origine de tous ses tubes et que le son de sa guitare fait partie intégrante de l’ADN Bowie.
Après la dissolution des Spiders, Mick RONSON, quelque peu désemparé, s’associe avec Ian HUNTER, l’ex chanteur de MOTT THE HOOPLE, qui débute alors une carrière solo. Il l’accompagne plusieurs années et on retrouve, entre autres, sa patte légendaire sur le superbe morceau BASTARD, sorti en 1979 sur l’album YOU’RE NEVER ALONE WITH A SCHIZOPHRENIC.
Les adieux de BOWIE à la scène, comme souvent, ne durent pourtant pas très longtemps. La pression de son manager Tony DEFRIES, bien décidé à gagner le plus d'argent possible grâce à sa star, est trop forte.
A cette époque, Bowie vit avec Amanda LEAR, dont il est tombé amoureux en voyant la pochette de l'album FOR YOUR PLEASURE de ROXY MUSIC.
BOWIE réapparaît donc sur le devant de la scène grâce à un SHOW TV pour la chaîne NBC, « The 1980 floor show », enregistré au Marquee, avec entre autres, la participation de Marianne FAITHFULL sur la chanson I GOT YOU BABY.
Ce show sert de base de travail à l’album DIAMOND DOGS, sur lequel David BOWIE joue lui-même toutes les guitares, tout en essayant de créer le groupe BOWIE en lieu et place des SPIDERS. Seul le pianiste Mike GARSON est conservé.
Malgré l’appréhension de ses fans, le résultat est convaincant. On peut considérer que c’est même son dernier grand album de Rock and Roll.
Le son et les compositions sont très « Stonien », notamment sur REBEL, REBEL, qui rappelle SATISFACTION.
Il y a d’autres bons morceaux sur ce DIAMOND DOGS, en particulier la chanson titre, mais également la longue suite SWEET THING sur lequel Bowie nous sort dans la partie finale, des solos de guitares torturées impressionnants que n’auraient pas renier Mick RONSON. C’est à se demander si c’est vraiment lui qui joue !
Dans l’ensemble, la face 1 est plutôt réussie. La face 2 est beaucoup plus inégale avec des titres décevants comme ROCK ‘ N ROLL WITH ME et également WE ARE THE DEAD, qui ressemble à s’y méprendre à ce que ALICE COOPER fera sur l’album WELCOME TO MY NIGHTMARE.
BOWIE s’encadre d’un vrai guitariste, EARL SLICK, pour assurer sa tournée de l’été 74 aux USA, avec le fameux concert au Tower Theatre de Philadelphie, d’où seront extraits tous les morceaux du Double Live DAVID LIVE. Personnellement, je n’aime pas du tout cet album. Je ne suis pas non plus un fan de SLICK qui ne peut faire oublier la classe d’un Mick RONSON et que je trouve limité au niveau créativité. D’ailleurs, la carrière de son groupe, THE EARL SLICK BAND sera éphémère.
La pochette de DIAMOND DOGS, signée PEELLAERT, est un petit chef d'œuvre. Une véritable œuvre d’art. Le travail sur les couleurs et les contrastes est remarquable.
On peut se demander si PELLAERT ne s’est pas inspiré du fameux film de Tod BROWNING : FREAKS.
DIAMOND DOGS est le dernier album ROCK de Bowie. Il se consacre ensuite à la soul avec l’album YOUNG AMERICANS puis à la musique électronique avec LOW. Il aborde ensuite la disco et la dance avec HEROES et LODGER.
Un enterrement de 1ère classe pour le MAINMAN qui ne retrouvera jamais son aura de ses débuts avec les Spiders.