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 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

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             PROCOL HARUM  -  GRAND HOTEL  : 1973 (Original US)

      Waltzing with Procol Harum

PROCOL HARUM est l’auteur de disques incomparables comme SHINE ON BRIGHTLY sorti en 1968 et son successeur A SALTY DOG paru un an plus tard en 1969.

A l’époque, Matthew FISHER, le 2ème compositeur après le leader Gary BROOKER fait encore partie du groupe. Son talent est immense. Ses arrangements musicaux sont luxuriants et sa voix avec des intonations se rapprochant de celles des BEATLES était immédiatement identifiable.

Il est au sommet de son art sur l’épique IN HELD ‘TWAS IN I, morceau dont Pete TOWNSEND, leader des WHO, reconnaît avoir été inspiré pour écrire TOMMY.

 

Malheureusement, FISHER quitte le groupe après A SALTY DOG et PROCOL HARUM enregistre alors son album le plus sombre, HOME, qui sort en 1970. Il n’est d’ailleurs pas le seul à quitter le navire puisque le bassiste Dave KNIGHTS part également, son jeu cadrant de moins en moins bien avec celui du guitariste Robin TROWER qui veut alors durcir la musique du groupe.

 

Pour les remplacer, BROOKER pense immédiatement à son vieux complice des PARAMOUNTS, Chris COPPING, qui a la capacité à assurer à la fois l’orgue mais aussi la basse. PROCOL HARUM devient donc un groupe à quatre musiciens et leur musique va changer. HOME et le suivant BROKEN BARRICADES sont tous deux excellents, mais le style est beaucoup plus dur qu’avant et Robin TROWER en est le principal artisan. Les fans ont alors du mal à adhérer au nouveau projet, bien que la côte de popularité du groupe est loin de décliner, en témoignent les triomphales tournées à travers les USA, leur terre d’asile.

 

Après BROKEN BARRICADES, Gary BROOKER a de nouveau envie de romantisme, de belles mélodies et PROCOL décide alors de revenir à un style beaucoup plus symphonique.

Le projet orchestre symphonique ne plaît pas du tout à TROWER, qui frustré par le manque d’importance attribué à son jeu de guitare bluesy, quitte le groupe à l’été 71. C’est Dave BALL qui le remplace.

Pour témoigner de cette époque de transition, le groupe ainsi constitué enregistre un album live avec l’orchestre symphonique d’Edmonton, qui regroupe les grands succès du groupe totalement remaniés grâce à l’apport des instruments classiques. Malgré le succès immense de cet album qui atteindra le 5ème rang dans les charts US, je n’en suis pas fan. La simplicité, la spontanéité et les arrangements des morceaux d’origine sont à mon humble avis nettement supérieurs.

 

Malgré l’arrivée de Dave BALL et celle d’Alan CARTWRIGHT à la basse, le groupe manque pourtant encore de stabilité. Le départ de BALL est acté et il ne sera resté dans le groupe qu’un an. Il en profitera pour monter BEDLAM avec le batteur Cozy POWELL.

Dave BALL avait toutefois participé au début des sessions de GRAND HOTEL.

Mais finalement son départ est un mal pour un bien car BALL va alors être remplacé par un guitariste génial, Mick GRABHAM qui restera jusqu’à la dissolution du groupe fin 77. Mick GRABHAM jouait auparavant dans le groupe COCHISE.

Avec cette formation, plus l’apport des textes de Keith REID, membre à part entière du groupe durant toute leur carrière, PROCOL HARUM va alors accoucher de son CHEF D’ŒUVRE.

GRAND HOTEL est en effet un album MAJEUR qui surpasse tous ceux précédemment sortis entre 1967 et 1972.

Comme précédemment pour HOME, c’est Roy THOMAS qui produit l’album, dont l’enregistrement commence en avril 72 au studio de George Martin à Oxford Street.

 

Les morceaux figurant sur GRAND HOTEL sont d’une qualité exceptionnelle et leur écoute ne peut laisser personne indifférent. Les mélodies sont magnifiques, les arrangements, qui reprennent l’idée d’incorporer des instruments classiques, sont à tomber.

Tout est parfait et le groupe, alors à son sommet de créativité et de communion, joue divinement bien.

D’emblée, on reste pantois après les 6mn10 du morceau titre, GRAND HOTEL. On est littéralement sous le charme de cette valse jouée en grandes pompes qui nous conte l’histoire d’un type aimant le luxe des grands hôtels du continent accompagné de sa fiancée française. Le texte de REID est particulièrement soigné et d’une finesse qui colle à merveille avec la musique. Tout est splendide ici, de l’intro délicate au piano, du pont central avec cet air de valse irrésistible jusqu’au final grandiose et ces chœurs absolument magnifiques. La production de Roy THOMAS est parfaite. Le solo de Mick GRABHAM, très bref, est superbe, tout en fulgurance, malgré une approche en rupture totale avec la valse initiale. Les chœurs également sont impressionnants et ajoutent un côté opéra des plus réussi.

QUEEN a certainement dû s’inspirer de GRAND HOTEL lorsque Freddy MERCURY a composé THE MILLIONAIRE WALTZ sur son album A DAY AT THE RACES paru en 76.

Après le très rythmé TOUJOURS L’AMOUR et sa magnifique intro au piano, Gary BROOKER nous offre une nouvelle valse, A RUM TALE, l’histoire d’un homme trahi par une femme qui décide de s’acheter une île au soleil tout en se noyant dans le rhum. La mélodie est sublime et cette valse est du même niveau que le morceau d’ouverture. Ce morceau nous confirme bien qu’un nouveau PROCOL est en train de naître et de s’affirmer.

 

T.V. CEASAR, une critique acerbe sur les présentateurs vedettes des talk show de la télé, est une chanson beaucoup plus rock, un style qu’on retrouvera sur EXOTIC BIRDS AND FRUIT sur NOTHING BUT THE TRUTH notamment. Le rythme y est répétitif mais la mélodie est toujours très soignée. Le piano de BROOKER est royal et la guitare de GRABHAM furieusement incandescente. Son solo en fin de morceau est un des tous meilleurs de l’album.

 

SOUVENIRS OF LONDON ouvre la face 2. C’est le moment de bravoure de B.J. WILSON, le batteur du groupe, qui en profite pour nous rappeler quel bon musicien il est. Il sort ici tout un arsenal, le tout accompagné par 22 mandolines et du banjo qui donnent au morceau ce côté folk dont on n’était pas habitué chez PROCOL. C’est le type même de chanson qu’on pourrait écouter dans les pubs anglais, reprise en chœur par des clients éclusant leurs bières et chantant à l’unisson. Ce titre n’est pas sans rappeler l’ambiance de l’album des KINKS, MUSWELL HILLBILLIES sorti deux ans plus tôt. Là encore, le texte est des plus cocasses, ce type qui revient chez lui après avoir attrapé une maladie honteuse, qu’il ne peut déclarer ni à la douane ni en parler à sa mère.

 

La fin de l’album est épique. BRINGING HOME THE BACON est splendide avec un BROOKER qui fait étalage de tout son talent de chanteur en fin de morceau avec un dernier couplet scandé d’une voix impressionnante couvrant tout l’orchestre. L’entame au piano de BROOKER, immédiatement relayé par la batterie de WILSON, qui lance véritablement ce morceau gorgé de lyrisme et de chœurs irrésistibles, sont superbes. Mick GRABHAM est étincelant en plaçant deux solos mémorables. Il me rappelle fortement le grand Martin BARRE de JETHRO TULL avec des interventions courtes, incisives et toujours placées au bon moment. J.GEILS avait également ce talent.

 

FOR LIQUORICE JOHN débute par un piano hanté accompagnant une mélodie magnifique. C’est un morceau dédié à un ancien ami de BROOKER qui s’est jeté du 15ème étage d’un immeuble peu avant l’enregistrement de GRAND HOTEL.

 

Christiane LEGRAND, la sœur du compositeur Michel LEGRAND, est l’invitée surprise de FIRES (WHICH BURNT BRIGHTLY) avec ses célèbres SWINGLE SINGERS, dont elle est la chanteuse soprano. Elle est venue spécialement de Paris à la demande du groupe pour chanter ces deux merveilleux solo en début et fin de morceau. BROOKER raconte qu’il écoutait beaucoup les SWINGLE SINGERS du temps des PARAMOUNTS et qu’ils lui ont inspiré A WHITER SHADE OF PALE. Ce titre, absolument grandiose, illumine la face 2.

 

ROBERT’BOX termine l’album en beauté. C’est un titre semblable par le rythme et l’intensité à T.V. CEASAR, ce côté répétitif très incisif, avec une batterie omniprésente et toujours ce piano grandiloquent de BROOKER. Mick GRABHAM est véritablement déchaîné, ses solos étant d'une fulgurance absolue. On retrouve ici le style de compositions qui dominait l’album BROKEN BARRICADES en 71, le dernier avec Robin TROWER à la guitare.

 

GRAND HOTEL sort en mars 73. C’est un album magistral, une œuvre unique dans les annales que je classe parmi les dix meilleurs disques jamais produits. La pochette du vinyle est splendide, très classe, avec les musiciens posant en haut de forme devant la façade stylée d’un hôtel luxueux situé sur le lac Léman en Suisse. Une anecdote rapporte que le visage de GRABHAM a été placardé au-dessus de celui de Dave BALL, la photo ayant été prise avant son départ.

 

Tous les amateurs de musique classique devraient écouter GRAND HOTEL afin qu’ils réalisent ce que sont capables de faire des musiciens de talent, en osant faire la fusion d'instruments classiques et des voix d’opéra à de la musique Rock, la plus belle qui soit.

 

EXOTIC BIRDS AND FRUIT lui succédera en 74 et sera également un grand album confirmant la qualité de la formation de GRAND HOTEL.

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