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 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

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 GRAND FUNK - WE'RE AN AMERICAN BAND : 1973  (Original US)

      Le Bruit Blanc

Les membres de GRAND FUNK sont tous issus de FLINT dans le Michigan. Mark FARNER, Don BREWER et Craig FROST, tous âgés de moins de vingt ans en 68, forment un groupe appelé THE PACK. Leur chanteur se nomme alors Terry KNIGHT.

Ce dernier quitte bientôt le groupe mais reste à leur contact qui prend alors le nom de GRAND FUNK RAILROAD en 1969. KNIGHT devient leur producteur et parvient à les faire jouer au festival d’ATLANTA en juillet 1969. Le succès aidant, KNIGHT obtient bientôt un contrat chez CAPITOL. Mel SCHACHER complète la formation devenu trio à la basse, puisque FROST est parti.

Leur 1er album, ON TIME, qui sort en août, donnera le ton pour tous les suivants. Sans aucune promotion des nombreuses radios FM, Il grimpe rapidement en haut du Billboard, à la grande surprise des Rock Critiques qui ont pris la sale habitude de les trainer dans la boue dans les revues spécialisées.

Leur musique, qu’on nommera « LE BRUIT BLANC » est alors un hard rock brutal et basique, sans aucune fioriture ni mélodie. Mais elle plaît aux hordes de kids qui se précipitent alors à leurs concerts joués à guichets fermés où le niveau sonore dépasse alors, en matière de décibels, tout ce qui se faisait jusqu’alors.

Les albums vont se succéder à vitesse grand V, à raison de 2 par ans, avec entre autres, les hits TIME MACHINE et MR LIMOUSINE DRIVER, mais la musique reste la même. Leur 3ème album CLOSER TO HOME marque tout de même un tournant car les 2 titres majeurs, I’M YOUR CAPTAIN et MEAN MISTREATER sont joués sur des tempos très lents.

L’album suivant, LIVE ALBUM, est enregistré en public et sera l’élément déclencheur de leur concurrence acharnée avec les Anglais de BLACK SABBATH. L’album fera un carton total auprès du jeune public et dans les charts. Selon Ozzy OSBOURNE, GRAND FUNK était le seul rival de BLACK SABBATH lors des tournées US du groupe de Birmingham, LED ZEPPELIN étant hors concours.

Après l’album E-PLURIBUS FUNK en 72, le groupe se sépare de Terry KNIGHT, qui leur fera un procès, mais qu’il perdra. Le groupe produit donc lui-même l’album PHOENIX, tout en s’adjoignant un nouvel organiste, le revenant Craig FROST. Ce retour sera un tournant majeur pour leur carrière, car ce qui va suivre va frôler la PERFECTION.

Alors que Rick DERRINGER avait été pressenti, c’est Todd RUNDGREN qui est choisi pour produire leur nouvel album. RUNDGREN n’est pas un débutant puisqu’il a travaillé avec des groupes comme BADFINGER et THE BAND. RUNDGREN décide d’aller enregistrer à Miami aux CRITERIAS STUDIOS. Le groupe délaisse donc leur légendaire studio de Cleveland. RUNDGREN exige alors de leur part un travail beaucoup plus approfondi devant leur permettre de franchir un cap et mettre enfin en valeur leurs indéniables qualités instrumentales jusqu’ici mal exploitées.

Grâce à RUNDGREN, les membres vont se focaliser sur les mélodies et la structure des morceaux. Les solos seront également beaucoup plus techniques et nettement supérieurs à ceux figurant sur les précédents albums. Et surtout, les voix de BREWER et FARNER, pour une fois mixées très en avant, ne sont plus noyées dans la masse sonore des instruments.

Le résultat de cette fructueuse collaboration, sera l'importantissime WE'RE AN AMERICAN BAND, un album miraculeux, qui sort en juillet 73 dans une luxueuse pochette dorée du plus bel effet et d’une simplicité absolue. Seuls, nom du groupe et titre de l’album figurent sur le recto de la pochette.

Ce qui est remarquable ici, c’est qu’il n’y a pas une seule seconde de ce disque qui ne soit géniale. GRAND FUNK est en état de grâce et laisse éclater tout le potentiel de ses énormes qualités jusqu’alors sous exploitées. Le son du disque est énorme et il faut souligner ici la qualité du travail de RUNDGREN. On peut monter le son sans aucune fatigue auditive et tout est en place. Les solos des différents membres du groupe sont étincelants. Ceux de Mark FARNER, à la guitare, sont amenés sur un plateau et explosent littéralement après un travail préparatoire de tous les musiciens, tel un maillot jaune du tour de France ayant fait travailler à bloc toute son équipe dans la montée de l’Alpe d’Huez, avant de placer un démarrage mortel dans le dernier kilomètre. Du grand art.

La 1ère face atteint des sommets avec le morceau éponyme, véritable hymne dans le même style que le AMERICAN WOMAN des GUESS WHO. Mais c'est STOP LOOKIN' BACK et CREEPIN', chantés tous les deux par BREWER, qui permettent au groupe d’exposer les progrès réalisés et de passer ainsi à un niveau supérieur. CREEPIN', d’une durée de 7 minutes, est le sommet du disque. Il est joué sur un tempo très lent avec des solos d'orgue et de guitare affolants. FROST est devenu un atout majeur dans le nouveau son du groupe. La basse sèche de SCHACHER est d’une pureté inouïe et BREWER à la batterie, fidèle à lui-même, d’une précision absolue. Rien n’est superflu ici. Nous ne sommes plus du tout dans une surenchère de décibels ni dans la démonstration inutile. On est dans l’épure et on atteint le SUBLIME.

BLACK LICORICE, qui raconte une affaire torride avec une fille de couleur, fait une incursion flagrante dans la SOUL Music et c’est à nouveau une pure réussite. Ainsi se termine la face 1.

La face 2 est toute aussi jouissive. L’intensité ne baisse pas et des passes d’armes magnifiques entre les solistes se succèdent les unes après les autres.  Ainsi, le morceau d’ouverture THE RAILROAD, une lente progression aboutissant à un duel orgue-guitare absolument démentiel, est construite sur le même registre que la fantastique chanson de Lindsey BUCKINGHAM, I’M SO AFRAID, sur l’album de FLEETWOOD MAC de 75.

AIN’T GOT NOBODY revient au rock pur avec son intro Stonienne à la Keith RICHARDS. Mark FARNER en profite pour placer un solo d’anthologie, digne des plus grands guitaristes des années 70. WALK LIKE A MAN nous rappelle I’M A MAN de CHICAGO et FARNER remet le couvert avec un autre solo incroyable. C’est LONELIEST RIDER qui conclut l’album avec son intro à la Stevie WONDER, SUPERSTITION, sur un rythme funky particulièrement chaloupé.

L’album obtiendra un nouveau disque d’or à sa sortie et atteindra la 2ème place du Billboard, la meilleure place pour un album de GRAND FUNK, les autres ayant tous été Top 5 ou Top 10.

C’est la consécration pour le groupe qui fermera enfin le clapet des Rock Critiques, enfin unanimes envers cet album. GRAND FUNK fera ensuite partie des têtes d’affiche en 1974 de la fameuse CALIFORNIA JAM, avec entre autres BLACK SABBATH, DEEP PURPLE, EAGLES et ELP.

 

WE’RE AN AMERICAN BAND a maintenant 50 ans, mais avec le recul du temps, on peut affirmer sans exagérer qu’il fait partie des meilleurs albums de Rock sortis dans les années 70.

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