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 DEDICACE A MES OREILLES : Chronique

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          JETHRO TULL - THE BROADSWORD AND THE BEAST  : 1982  (Original USA)

              Lorsque Ie Ménestrel se Rebiffe

Lorsque Ian ANDERSON, leader et fondateur de JETHRO TULL, commence en 1981 l’enregistrement de ce qui devait devenir l’album THE BROADSWORD AND THE BEAST, tout a changé dans le monde de la musique rock. On est passé dans les années 80, les 80’s comme on dit, et les choses ne sont plus tout à fait les mêmes. Beaucoup de groupes mythiques ont tiré leur révérence comme PINK FLOYD, LED ZEPPELIN, EAGLES, YES, PROCOL HARUM ou DEEP PURPLE mais surtout, le changement majeur a lieu sur le son.

La NEW WAVE et la DISCO, devenue ensuite la DANCE, ont amené leurs lots de nouveaux instruments pilotés pour la plupart par des ordinateurs. Les séquences pré-enregistrées ont envahi le marché et beaucoup de groupes se sont mis à les utiliser de plus en plus. Et le rock n’y a pas échappé. Combien de groupes des 70’s se sont mis à incorporer dans leur musique des sons de batteries artificiels, des sons de basse totalement créés sur des ordinateurs. Les synthétiseurs sont utilisés à outrance au détriment de l’orgue et du mellotron, instruments majeurs du son des 60’s et 70’s. Et parmi tous ces groupes, il y a JETHRO TULL.

En 1981, l’état de grâce qu’a connu le groupe jusqu’à 1978 et la sortie de HEAVY HORSES est malheureusement terminé. L’album de 1979, STORMWATCH, a été un échec et a mis fin à la formation mythique du groupe.

A ce sujet, il faut souligner que l’éclatement du groupe et les départs de Barriemore BARLOW, John EVAN, David PALMER et John GLASCOCK ne sont pas de la responsabilité de Ian ANDERSON. Il y a tout d’abord la mort de GLASCOCK à l’âge de 28 ans en novembre 1979, ce qui est un choc pour tout le groupe alors en tournée aux USA.  C’est Dave PEGG, ex-bassiste de FAIRPORT CONVENTION, qui le remplace pour la tournée STORMWATCH. GLASCOCK n’a d’ailleurs pas pu terminer les sessions de l’album et c’est Ian ANDERSON qui a dû assurer la basse sur six titres.

 

Après cette tournée, ANDERSON a prévu de mettre le groupe entre parenthèse afin de réaliser un album solo avec d’autres musiciens de son choix, dont Mark CRANEY à la batterie et Eddy JOBSON aux claviers et violon électrique. De leurs côtés PALMER et EVAN lancent, en parallèle de JETHRO TULL, le groupe TALLIS.

Au moment de la parution de cet album intitulé A en octobre 1980, CHRYSALIS, par la voix de son manager Terry ELLIS, impose qu’il soit signé JETHRO TULL au lieu de Ian ANDERSON. Ian ANDERSON refuse tout d'abord, mais ne pouvant s’opposer à la décision de sa maison de disques, annonce alors qu’il veut prévenir et discuter avec les membres officiels de JETHRO TULL afin de leur expliquer la décision de leur maison de disques. Mais Terry ELLIS ne lui en donne pas le temps et annonce à la presse qu’un nouvel album du groupe, avec de nouveaux musiciens, est sur le point d’être commercialisé et que les membres officiels vont être remplacés.

Apprenant la nouvelle par le biais des journaux, PALMER, EVAN et BARLOW se sentent trahis et quittent le groupe sans préavis, ce qui rend évidemment très triste Ian ANDERSON qui n’a absolument pas désiré cela. A est en effet un album totalement différent de ce que fait JETHRO TULL d’habitude et la pochette, résolument moderne et tournée vers les nouvelles technologies, en est la preuve évidente.

Seul Martin BARRE, que Ian ANDERSON a appelé sur le tard pour quelques parties de guitare sur l’album A, demeure un musicien de JETHRO TULL.

Malgré tout, le groupe part en tournée avec les musiciens de A, mais il est clair qu’Eddy JOBSON n’est là que temporairement et reprendra ses activités solos une fois la tournée achevée. Un autre problème imprévu vient alors perturber le groupe avec la maladie de Mark CRANEY, qui lui aussi est obligé de jeter l’éponge.

En 1981, au moment de commencer les sessions pour le nouvel album THE BROADSWORD AND THE BEAST, Ian ANDERSON ne peut compter alors que sur Martin BARRE et Dave PEGG, devenu un membre à part entière.

ANDERSON engage alors Gerry CONWAY, l’ancien batteur de Cat STEVENS et ensuite c’est Peter John VETTESE qui complète la formation aux claviers. Le groupe retourne ensuite aux studios MAISON ROUGE à Fulham pour l’enregistrement, un endroit où il se sent parfaitement chez lui. C'est l'ex-Yardbirds, Paul SAMWELL-SMITH, qui assure la production.

Contre toute attente et malgré la période tourmentée que traverse le groupe, l’album THE BROADSWORD AND THE BEAST s'avère être une réussite totale. C’est même, à mon sens, un rival sérieux à toutes les pépites que le groupe a sorties dans les 70’s. C’est à coup sûr le dernier grand album de JETHRO TULL. Ce qui suivra ensuite ne sera plus du même calibre, même si certains albums sont plus qu’honorables, notamment CATFISH RISING en 1991.

Il y a sur BROADSWORD pas moins de six morceaux remarquables pouvant rivaliser avec le matériel d’AQUALUNG, MINSTREL IN THE GALLERY, SONGS FROM THE WOOD et HEAVY HORSES. Bien-sûr, le son a changé et s’est modernisé, mais nous sommes dans les années 80 et GENESIS a fait exactement la même chose. Peter John VETTESE apporte cette touche de nouveauté donnant la priorité aux synthés et aux séquences pré enregistrées sur ordinateur. Mais l’élément majeur du succès de ce disque, ce sont les mélodies dévoilées ici et absentes des deux derniers albums qui font un retour fracassant. Le grand JETHRO TULL veut prouver qu’il va falloir encore compter avec lui pour un moment.

Nous avons à faire en effet ici à un grand Ian ANDERSON qui a toujours ce don inné pour trousser de bonnes chansons et surtout qui  a retrouvé sa plume.

BEASTIE d’entrée montre la cohésion parfaite de la nouvelle formation et le riff dévastateur de Martin BARRE en est la preuve parfaite. ANDERSON chante remarquablement et sa flûte légendaire est toujours aussi virevoltante. Sur THE CLASP et PUSSY WILLOW (Face 2), on retrouve le côté folk médiéval de la chanson JACK IN THE GREEN de SONGS FROM THE WOOD ou ONE BROWN MOUSE de HEAVY HORSES. Tout le travail orchestral assuré précédemment par David PALMER est remplacé ici par les effets spéciaux et des nappes de synthés impressionnantes de VETTESE.

FALLEN ON HARD TIMES est également typique du son du TULL avec ce refrain scandé à l’unisson par les musiciens et ces breaks de guitare toujours aussi efficaces et gorgés de feeling de Martin BARRE qui retrouve ici le niveau qui était le sien sur le superbe HEAVY HORSES. SLOW MARCHING BAND fait également partie des réussites et clôture la face 1 avec son refrain tellement accrocheur. Il y a un véritable fil conducteur sur ce disque. Ca s’appelle le talent. On sent que le groupe a retrouvé son inspiration et sa créativité et que rien ne peut lui arriver.

La face 2, excellente également, débute avec le meilleur morceau de l’album, BROADSWORD, une sorte de marche militaire à la progression fulgurante. Le tempo ne cesse d’accélérer jusqu’au final étincelant. La mélodie nous rentre dans la tête dès les premières mesures et ne nous quitte plus ensuite, signe que JETHRO TULL a fait mouche. Aucun morceau de l’album n’excède les 5 minutes et il est évident qu’ils sont prévus pour passer et performer sur les ondes FM. Il n’y a ici aucune grande suite orchestrale comme BAKER STREET MUSE ou THICK AS A BRICK précédemment.

WATCHING ME, WATCHING YOU est le titre qui utilise le plus les nouvelles technologies. Le rythme y est rapide et très syncopé avec cette répétition de parties de synthés programmées, dont VETTESE nous gratifie avec sa panoplie d’effets spéciaux.

Sur SEAL DRIVER, Martin BARRE nous joue ses fameuses séquences de guitare dont il a le secret et qui font partie de son ADN. Ces quelques lignes nous rappellent le riff de MIRACLES OUT OF NOWHERE de KANSAS sur l’album LEFTOVERURE.

L’album se termine par une chanson très courte jouée a capella CHEERIO, une ode à la célébration qui s’achève par quelques notes de clavier de VETTESE, l'instigateur du nouveau son du groupe.

BROADSWORD sort en avril 1982 avec une pochette absolument délirante où l’on retrouve un Ian ANDERSON caricaturé en personnage mi-homme, mi-bête, glaive à la main, à la tête d’un bateau viking parti pour conquérir de nouveaux territoires.

BROADSWORD connaîtra un très grand succès en Europe, surtout en Allemagne où il fera sa meilleure vente. Mais bizarrement, il subira un échec assez inexplicable aux USA, alors qu’ANDERSON était persuadé que ce disque plairait aux américains.

JETHRO TULL part ensuite en tournée mondiale avec un spectacle grandiloquent et frôlant le ridicule, comme le reconnaîtra bien plus tard ANDERSON. Ce sera d’ailleurs la dernière fois que le groupe se produira dans ce genre de production théâtrale et pompeuse.

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